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MAHÉ Anna, Rose, Marie 
Née le 31 juillet 1882 à Bourgneuf-en-Retz (Loire-Inférieure) ; institutrice puis typographe ; individualiste puis anarchiste-communiste.

Anna Mahé, venue à Paris au début des années 1900, avait étudié pour devenir institutrice, vraisemblablement à l’école normale de Nantes selon un message posté dans l’anarchie en juillet 1912 (numéro 378). Elle n’exerça certainement pas longtemps cette profession car elle se lia très tôt au mouvement individualiste dont elle devint une propagandiste à plein temps, de même que sa sœur Armandine venue à Paris en même temps qu’elle et également institutrice. 
Anna devint la compagne d’Albert Libertad* peu de temps après que celui-ci fonde, en octobre 1902, le groupe des Causeries populaires. Le 26 avril 1904, naissait de cette union Minuscule dit Minus, qui ne fut pas inscrit à l’état civil. 
Elle consacra une grande part de son activité à la réforme de l’orthographe. En 1904, elle écrivait dansLe Libertaire des articles en « ortografe » simplifiée. Elle quitta Le Libertaire en 1905 avec les autres individualistes, pour fonder L’Anarchie, ou plutôt l’anarchie, car elle proposa que l’hebdomadaire individualiste s’écrivît sans capitale initiale. Elle rédigea de très nombreux articles, souvent consacrés à l’éducation et l’enseignement, mais pas exclusivement. 
Chaque année elle organisait des séjours libertaires à Chatelaillon (Charente-Inférieure), « cette plage de sable fin que les bourgeois ne nous reprendront pas car nous faisons bonne garde », et incitait les compagnes et compagnons à y envoyer leurs enfants. Elle organisait également les promenades libertaires dominicales autour de Paris. Le 9 octobre 1905, elle participa, avec Libertad, à une manifestation de l’Association internationale antimilitariste (AIA) à la gare de l’Est, à l’occasion du départ de la classe des conscrits. Arrêtée avec l’étudiante russe Falck, elle fut relâchée. 
À partir d’août 1907, elle remplaça Libertad, emprisonné pour trois mois à la Santé, à la direction de la rédaction de L’Anarchie, tandis que sa sœur Armandine veillait à l’administration. Après la libération de Libertad, elle garda la haute main sur le journal, Libertad étant discrédité et de plus en plus ostracisé au sein du milieu individualiste. 
Le 7 janvier 1908, elle fut citée comme témoin à décharge dans un procès de Libertad devant les assises pour provocation au pillage et à l’incendie. Il fut acquitté. Cependant, à cette époque, elle était brouillée avec lui et alla jusqu’à prendre parti contre lui lors du pugilat de septembre 1908, dans les locaux de L’anarchie, où Libertad fut sévèrement blessé. Elle était alors la compagne de De Bläsus* qui vivait dans les locaux du journal, rue du Chevalier de la Barre, comme la plupart des collaborateurs du journal. 
Anna Mahé s’éloigna de L’Anarchie en janvier 1909, après la mort de Libertad, quand la direction des Causeries populaires passa à André Lorulot*. La police la décrivait alors ainsi : 1 m 58, cheveux châtain foncé, yeux marrons. 
Le 24 octobre 1909, elle participa à une réunion avec Georges Durupt*, Eugène Péronnet*, Goldsky*, Pierre Ruff* et Malato*, où l’on discuta du lancement de la revue Les Révoltés
Le 7 septembre 1910, elle fit une conférence sur la valeur comparée de l’éducation communiste et individualiste. Lorulot lui donna la réplique. 
Le 12 septembre 1910, elle fut désignée à la commission de réorganisation du Libertaire (voir Pierre Martin), qui réorienta l’hebdomadaire pour en faire un organe exclusivement anarchiste communiste et pro syndicaliste révolutionnaire. De cette époque, et jusqu’à juillet 1911, elle fut employée comme comptable à l’imprimerie communiste L’Espérance (voir Eugène Martin). 
En octobre 1910, à l’occasion de la grève des cheminots, elle fut arrêtée pour un article antimilitariste intitulé « Conseils d’une mère à son fils », paru dans Le Libertaire du 2 octobre. Après plusieurs mois de prison préventive, elle passa en procès le 24 février 1911 devant la cour d’assises de la Seine avec le gérant du Libertaire Émile Dulac*. Ils furent défendus par les avocats Berthon et Ducos de la Haille, et acquittés. À l’audience elle avait déclaré être une « mère antimilitariste ». 
Le 8 janvier 1912, elle se mit en ménage avec André De Bläsus au 34, rue de Prony à Asnières. Anna Mahé fut inquiétée durant l’affaire des « bandits tragiques » (voir Jules Bonnot), mais finalement laissée libre. En revanche, son compagnon fut condamné pour complicité de vol d’une machine à écrire, à six mois de prison et à cinq ans d’interdiction de séjour. Cette machine était destinée à Anna Mahé qui faisait des enveloppes à la main et pensait avec cette machine gagner un peu plus d’argent. 
Elle fut radiée du carnet B de la Seine lors de la révision de 1922. Motif : disparue. La date de décès en 1960 qui est parfois donnée à son sujet est en fait celle de son jumeau Emile, Armand Mahé.

ŒUVRE : L’Hérédité et l’éducacion (ortografe simplifiée), préf. d’Albert Libertad, éd. L’Anarchie, Paris, 1908.

SOURCES : État-civil de Bourgneuf-en-Retz — CAC Fontainebleau 940462/art33 — AN F7/14693 et 12723 — Le Petit Parisien et Le Matin du 9 octobre 1905 — Le Temps du 10 octobre 1905 — Le Matin du 8 janvier 1908 — Le Petit Parisien du 25 février 1911 et du 17 et 19 avril 1912 — Le Matindu 18 mai 1912 — Jean Maitron, Histoire du Mouvement anarchiste... op. cit. — Le Libertaire, Le Matin et L’Humanité du 25 février 1911 — L’Idée libre, article de Lorulot, janvier 1961 — Anne Steiner, Les En-Dehors, L’Échappée, 2008.

Guillaume Davranche, Dominique Petit, Anne Steiner

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